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Je vous emmène visiter BedZED, le premier écoquartier passif du Royaume-Uni, et sûrement l’un des plus emblématiques. Construit au début des années 2000, BedZED poursuivait à l’époque une mission toujours bien d’actualité : améliorer notre qualité de vie tout en réduisant notre dépendance aux énergies fossiles. 20 ans plus tard, que pouvons-nous retenir de ce projet pionnier?
L'histoire de BedZED.
En 1996, la ville de Sutton, à 20 km au sud de Londres, lance un appel à projets pour la construction d’un lotissement. C’est le projet le plus durable, BedZED, qui retient l’attention de la ville. Premier du genre au Royaume-Uni, l’écoquartier Beddington Zero Energy Development a été porté par Peabody Trust et développé par l’architecte Bill Dunster – connu pour son travail sur les bâtiments passifs – en partenariat avec Bioregional, Arup et Ellis & Moore Consulting Engineers.
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Livré en 2002, BedZED se compose de 100 appartements, d’espaces de bureaux, d’un espace commun qui accueille les évènements de la communauté ainsi que d’une école. Environ 200 résidents vivent aujourd’hui à BedZED.
Se débarrasser de notre dépendance aux énergies fossiles.
Au Royaume-Uni, le chauffage, la climatisation et l’utilisation des bâtiments représentent 14 % des émissions totales de gaz à effet de serre. BedZED a été conçu pour réduire fortement la consommation d’énergies fossiles des appartements en exploitation.
Faire preuve d'innovation pour améliorer la qualité de vie des résidents.
En 1997, le projet ne s’adressait pas exclusivement à des militants écologiques convaincus. L’idée était d’attirer des personnes de tous horizons en proposant des appartements de qualité, ensoleillés, confortables et entourés de verdure. Chaque appartement dispose par exemple d’un jardin privé, ce qui est un véritable luxe à Londres ! BedZED prouve qu’avec de l’innovation et de l’ingénierie, nous pouvons réduire nos émissions et notre impact sur l’environnement tout en améliorant notre qualité de vie.
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Des appartements qui ne consomment pas d’énergies fossiles : comment ça marche ?
2 stratégies complémentaires ont été appliquées. Tout d’abord, les appartements ont été conçus sur la base d’une approche passive, avec un recours le plus limité possible au chauffage et à la climatisation. Ensuite, pour alimenter le reste des besoins énergétiques qui n’ont pas pu être éliminés grâce à la conception passive, une chaudière à bois et des panneaux photovoltaïques ont été installés pour produire des sources d’énergie neutres en carbone.
En bref : vous réduisez d’abord vos besoins énergétiques au maximum et, pour le reste, vous produisez de l’énergie neutre en carbone sur place.
Réduire au maximum les consommations énergétiques.
Solariums © Bioregional
Chaque appartement dispose d’un solarium qui fonctionne comme un système de chauffage naturel. Les solariums sont orientés sud et sont constitués d’un système de double façade, composé de double vitrage. Coincé entre les deux façades, l’air du solarium est réchauffé par le soleil, produisant naturellement de l’air chaud. En hiver, les résidents ouvrent la fenêtre intérieure pour que l’air chaud pénètre dans l’appartement tandis qu’en été, ils ouvrent la fenêtre extérieure et ferment la fenêtre intérieure pour évacuer l’air chaud à l’extérieur de l’appartement.
La structure du bâtiment est particulièrement étanche à l’air et très isolée. Les murs en briques ont une épaisseur de plus de 30 cm et sont recouverts d’une isolation Rockwoll de 30 cm d’épaisseur. Une isolation renforcée a été appliquée sur les murs, sur la dalle et au niveau du toit. Les dalles de béton ainsi que le plafond facilitent le transfert de chaleur, ce qui permet aux bâtiments de rester plus frais en été et plus chauds en hiver. Les fenêtres qui ne sont pas orientées au sud sont en triple vitrage.
Les éléments les plus emblématiques de BedZED sont certainement ces étranges tuyaux colorés qui surgissent du toit. Ces tuyaux, appelés « wind cowls », servent de systèmes de ventilation low-tech qui contribuent à renouveler et à rafraîchir l’air des appartements.
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Produire de l'énergie neutre en carbone sur place.
La demande en énergie devait à l’origine être satisfaite par une centrale thermique construite sur place et alimentée en bois. Cette centrale s’est finalement avérée sous-dimensionnée. Elle a été remplacée par une chaudière à base de granulés de bois. BedZED a également été raccordé au système de chauffage urbain pour l’eau chaude. Les panneaux solaires de BedZED produisent quant à eux 20 à 25 % des besoins en électricité de l’écoquartier. Le reste de la demande en électricité est acheminé de l’extérieur via un contrat d’électricité verte.
20 ans plus tard, quels sont les réussites et les échecs de BedZED?
BedZED est un cas d’école unique puisqu’il s’agit de l’un des plus anciens écovillages de cette taille. Plus de 20 ans se sont écoulés depuis la construction, ce qui nous donne assez de recul pour bien comprendre les innovations introduites à l’époque et juger de leur efficacité.
Les factures d'énergie ont été réduites de 68 %.
La conception passive est une réussite. La consommation d’énergie a été considérablement réduite par rapport aux moyennes britanniques. Entre 2012 et 2015, la consommation de gaz a diminué de 36 %, la consommation d’électricité de 26 % et la réduction des émissions de carbone liées au chauffage et à l’électricité de 32 % par rapport à un projet conventionnel. Les factures d’énergie combinées (chauffage et électricité) des résidents sont devenues 68 % moins chères que celles d’une maison londonienne moyenne, avec des économies allant jusqu’à 1400 livres par an pour un foyer de trois personnes.
Au cours des 20 dernières années, l’attrait de BedZED n’a jamais faibli, que ce soit pour les futurs résidents ou les visiteurs curieux, tous attirés par le mode de vie durable, la qualité de vie et le fort esprit de communauté.
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Si BedZED était pensé aujourd'hui, davantage serait fait pour réduire l'empreinte carbone de la construction et pour rafraîchir les logements en été.
En hiver, les solariums sont des chauffages naturels efficaces, mais en été, ils ont tendance à accumuler la chaleur. Si les vagues de chaleurs de 2002 étaient supportables, elles le sont beaucoup moins en 2023 – avec des températures atteignant jusqu’à 40°C – et le seront encore moins dans les années à venir.
Sur le volet construction, l’empreinte carbone de BedZED est similaire à celle d’un développement traditionnel. Il faut dire qu’au début des années 2000, l’attention se portait davantage sur l’efficacité énergétique en exploitation que sur la réduction de l’empreinte carbone de la construction. Même si les matériaux ont parfois été sourcés localement, une très grande quantité de matière a été utilisée, notamment pour renforcer l’isolation. Des matériaux très intensifs en carbone ont été utilisés, comme les briques de terre cuite et le béton. Aujourd’hui, le projet serait certainement conçu avec des alternatives bas-carbone (bois CLT par exemple) sourcées localement.
Itérer pour apprendre.
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Plus de 20 ans après sa construction, BedZED reste un projet pionnier. Son succès est particulièrement inspirant, car il prouve que l’on peut à la fois réduire notre empreinte carbone et améliorer notre qualité de vie. De nombreux éléments de la conception durable ont fonctionné comme prévu. Et pour ceux qui n’ont pas marché, les erreurs ont servi de leçons, plus tard, sur d’autres projets.
Si vous souhaitez visiter cet écoquartier unique, Bioregional, le cabinet de conseil en développement durable qui a conçu BedZED, organise des visites une fois par trimestre. Bioregional a également su tirer parti de ces “lessons learned” pour continuer à développer d’autres écoquartiers et projets durables au Royaume-Uni et dans le monde entier. Consultez leur site si vous souhaitez en savoir plus sur leur travail.