Et si les promoteurs incarnaient l’exemplarité environnementale? LSRE (France)

Rencontre avec Lauranne Schied, fondatrice de LSRE.

© LSRE

Une bonne dose d'audace.

Il faut une bonne – voire une sacrée – dose d’audace pour bousculer les codes et l’ordre établi.

Dans le métier de la promotion immobilière, c’est notamment le cas de Lauranne Schied. En 2020, pendant le confinement, elle prend conscience que le secteur de la construction et de l’immobilier dans lequel elle travaille représente 40% des émissions de CO2. Le béton à lui seul représente 7% des émissions mondiales : si c’était un pays, ce serait le 3e plus gros émetteur.

A ce moment, elle décide non pas de changer de job mais de faire changer son propre job en créant LSRE, un promoteur résolument écologique qui ne privilégierait pas uniquement la dimension financière mais y ajouterait les dimensions écologiques, sociales et humaines.

Après seulement 3 ans d’existence, LSRE totalise déjà une 15aine de projets en développement et vient même de remporter un des appels à projets de la 3e édition d’Inventons la Métropole du Grand Paris sur le site de Pantin.

De notre entretien, sont ressorties 5 phrases inspirantes et particulièrement éclairantes sur ce que signifie être un promoteur résolument écologique et engagé.

« Retrouver notre bon sens paysan »

Face à la crise environnementale, LSRE entend redonner du sens à la construction en se concentrant sur les réhabilitations, en préservant au maximum l’existant et en travaillant à partir des matériaux du territoire, des contraintes locales et des ressources existantes.

Les matériaux locaux bio et géo-sourcés remplacent le béton pour un immobilier durablement ancré sur son territoire, ce qui contribue également à restaurer les identités architecturales locales – mises à mal par la standardisation des techniques constructives qui fait qu’aujourd’hui tout se ressemble ; à Bordeaux, à Lyon comme à Londres.

« Jouer des contraintes, faire preuve d’ingéniosité »

Travailler sans béton, intégrer des matériaux bio ou géo-sourcés ou issus du réemploi, ce n’est pas de tout repos. Des expertises diversifiées sont essentielles pour trouver des solutions et slalomer autour des contraintes. Il s’agit de « réintégrer le travail d’ingénierie » dans le secteur de la construction, qui est « devenu fainéant » après avoir massifié l’usage du béton. LSRE c’est aujourd’hui une équipe de 7personnes spécialisées en écoconstruction dont 2 architectes urbanistes et 2 ingénieurs spécialisés en matériaux.

D’autant que LSRE s’attelle en parallèle à être isocoût par rapport à un projet de promotion classique : « Être iso-cout est indispensable pour trouver les solutions pour transformer le secteur ». Les équipes de LSRE passent également du temps à rencontrer les fournisseurs de matériaux, les acteurs de l’écosystème et les sachants. Sur l’aspect réglementaire, « on prend des matériaux qui fonctionnent déjà avec les bons avis techniques ».

« Il faut inspirer, montrer ce qu’il est possible de faire »

L’ambition de Lauranne est de transformer le monde de l’immobilier en montrant à ses confrères qu’il est possible de bâtir différemment. LSRE vient d’ailleurs de remporter le concours de la 3e édition de Inventons la Métropole du Grand Paris sur le site de Pantin. Pour redonner une nouvelle vie à l’immeuble Art Déco de “la Goutte de Lait’’, un projet de rénovation exemplaire de 1 133 m2 a été imaginé avec des matériaux tous issus de filières bio et géo-sourcées ou du réemploi : la laine de bois pour l’isolation des façades, les panneaux de terre crue pour les cloisons, un terrazzo recyclé.

© LSRE

« Faire naitre l’engagement »

Lauranne n’hésite pas à prendre la parole pour mettre en avant sa vision et ses ambitions et créer l’engagement auprès de ses confrères. En parallèle de la promotion immobilière, LSRE est ainsi AMO et centre de formations spécialisé en écoconstruction afin d’accompagner et former les acteurs immobiliers à la transformation écologique du secteur. Ces deux activités permettent d’ailleurs aussi d’assurer la rentabilité économique de LSRE.

« Rester aligné et cohérent »

Être droit dans ses bottes et travailler avec des hommes et des femmes en ligne avec ses valeurs, c’est aussi la ligne directrice d’un promoteur résolument engagé.

Une fois rénové, le bâtiment de la Goutte de Lait à Pantin sera par exemple géré par Meet My Mama, un traiteur engagé qui accompagne les femmes, réfugiées ou issues de l’immigration et passionnées de cuisine, pour devenir cheffes. La start-up basée à Paris et à Marseille y installera son siège social ainsi qu’un restaurant, un centre de formation et de réinsertion professionnelle et un studio d’enregistrement de podcasts.