Découvrez le cool roofing, cette low-tech qui permet de rafraichir le bâti et de réduire l’usage de la climatisation.
© Cool Roof France
Qu'est ce que le cool roofing ?
Imaginez-vous en plein mois d’août, en terrasse, sous le soleil de midi. Ce moment qui s’annonçait particulièrement plaisant se transforme en cauchemar car vous avez choisi de porter ce jour-là une chemise noire… Vous cuisez littéralement sur place et vous regrettez amèrement de ne pas porter une chemise blanche !
Le cool roofing c’est à peu près le même principe, appliqué au bâtiment. Il s’agit de recouvrir les toitures de peintures réflectives blanches qui vont renvoyer les rayons du soleil au lieu de les absorber. Ces dernières vont permettre de rafraichir les bâtiments et réduire les besoins de climatisation.
© Unsplash
Le principe est simple et connu depuis très longtemps dans les pays chauds, en particulier sur le pourtour méditerranéen comme en Grèce ou au Maroc.
Le cool roofing s’est aussi fortement diffusé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d’années. En Europe à l’inverse, c’est un produit encore assez méconnu qu’il faut mettre en lumière.
Décarboner en réduisant drastiquement l’usage de la climatisation.
En plein été, les toitures faites de revêtements sombres traditionnels se transforment en véritables poêles à frire, avec des températures atteignant parfois les 80°C. Ceci entraine une climatisation massive des bâtiments et ne va pas vraiment dans le sens d’une réduction des émissions de carbone. Les peintures réflectives permettent de ramener les températures en toitures à des niveaux raisonnables autour de 30 à 40°C, ce qui rafraichit l’air intérieur des bâtiments.
En moyenne, le cool roofing permet un rafraichissement de 4 à 6°C de l'air intérieur et une réduction des factures de climatisation de l'ordre de 40 à 50 % en été.
La bonne nouvelle est que tout ceci n’implique pas de chauffer davantage en hiver, ou alors de manière extrêmement marginale. Pourquoi ? Car en hiver, les rayonnements sont moins intenses avec des journées plus courtes et moins ensoleillées. De plus, le soleil est plus horizontal et bas avec un apport thermique davantage orienté vers les murs et les fenêtres que sur la toiture.
L’impact global du cool roofing sur l’ensemble des consommations énergétiques du bâtiment sur l’année est donc largement positif. Le retour sur investissement est estimé à 4 ans en moyenne pour un cout à l’entrée d’environ 20 – 25 €/m2 (peinture fournie et posée).
Adapter le bâti au climat qui se réchauffe.
En plus de réduire nos émissions, il va falloir adapter nos infrastructures et nos bâtiments à un monde qui s’est déjà réchauffé et continuera à se réchauffer. Un monde dans lequel les vagues de chaleur seront toujours plus fréquentes et intenses. En rafraichissant les bâtiments, le cool roofing permet d’améliorer le confort thermique des personnes qui y travaillent ou qui y vivent. En bref améliorer leur vie.
Les experts du GIEC mettent d’ailleurs en avant le cool roofing comme l’une des solutions les plus rapides et les moins couteuses d’adaptation et d’atténuation du changement climatique.
Oui, on dirait de la peinture blanche mais c’est bien plus que ça !
Rien ne ressemble plus à de la peinture blanche que de la peinture blanche. Et pourtant, les couches réflectives utilisées sont des vrais produits technologiques. Pour les fabricants, plusieurs années de travail en laboratoire ont souvent été nécessaires pour élaborer la formulation.
Les revêtements utilisés sont conçus pour résister aux conditions extérieures intenses (soleil, vent, pluie, gel…), et ce pendant une vingtaine d’années sans s’altérer. Pour assurer leur propriété réflective, ils doivent renvoyer les rayons visibles mais également infrarouges, qui représentent la moitié du rayonnement solaire.
© Cool Roof France
Le cool roofing ce n’est donc vraiment pas acheter un pot de peinture blanche le dimanche dans son magasin de bricolage ! L’accompagnement du client est essentiel. C’est avant tout une solution d’amélioration de la performance thermique du bâtiment. En cela, il s’agit d’accompagner les clients via des études thermiques en amont et la mise en place de bonnes pratiques pour éviter les déperditions de fraicheur. L’accompagnement passe aussi par l’installation de capteurs de température et d’utilisation de la climatisation pour prouver l’efficacité de la solution une fois installée.
Peut-on faire du cool roofing partout, sur tous les toits ?
Techniquement oui ! Les peintures réflectives sont déclinables sur à peu près tout type de revêtement (bitume, acier, zinc, ardoise…) et d’inclinaison de toiture. Des couleurs ont même vu le jour, pour répondre notamment à des demandes spécifiques sur des toitures qui ne pouvaient être repeintes en blanc pour des raisons notamment d’urbanisme. Les peintures de couleur sont tout de même moins efficaces que les peintures blanches.
Néanmoins, certains cas d’usage font plus de sens, et notamment, les bâtiments disposant d’une grande surface de toiture, mal ou peu isolés, et hauts d’un seul ou de quelques étages. Cette typologie de bâtiments est plus adaptée au cool roofing car le rafraichissement intérieur est ressenti sur la majeure partie des surfaces utiles intérieures.
© Enercool
Les centres commerciaux et supermarchés ont été parmi les premiers clients du cool roofing en France il y a quelques années, attirés entre autres par la réduction des coûts d’exploitation. Les ont ensuite rejoints les entrepôts logistiques, les bureaux, les industries, ou encore les grands ensembles résidentiels. D’un point de vue opérationnel, il est aussi plus efficace de poser du cool roofing en 1 fois sur 5 000 m2 que 100 fois sur 50 m2.
Les cool roofeurs réalisent aujourd’hui la majeure partie de leur chiffres d’affaires en B2B. Les revenus réalisés en B2C restent marginaux mais avoir des particuliers comme clients est essentiel pour que ceux-ci s’approprient le cool roofing et participent à normaliser ce procédé.
Que faisons-nous de nos toitures?
© Unsplash
Le cool roofing pose la question plus globale de l’utilisation des toitures des bâtiments, souvent délaissées, notamment pour répondre à la crise climatique. Et il s’avère qu’on peut y faire pas mal de choses sur ces fameuses toitures : du free cooling, du cool roofing, de la production d’électricité photovoltaïque et de la végétalisation !
On a tendance à opposer ces 4 techniques alors qu’elles sont en réalité complémentaires. Alors que le cool roofing évite la surchauffe du bâtiment pendant la journée, le free cooling nocturne permet d’évacuer le surplus de chaleur accumulé pendant la journée en ouvrant les fenêtres et portes pour capter la fraicheur de la nuit. Le cool roofing permet de rafraichir et ramener les toitures vers des températures raisonnables, améliorant ainsi le rendement des panneaux photovoltaïques en comparaison à une situation où les panneaux seraient installés sur une toiture surchauffée.
Enfin, le cool roofing n’entre en général pas en concurrence avec la végétalisation puisque son cœur de cible reste encore largement les bâtiments commerciaux mal isolés des années 1970 – 1990 dont les toitures sont trop fragiles pour supporter le poids d’une végétalisation.
À plus grande échelle : comment rafraîchir nos villes et les rendre plus résilientes ?
Les peintures réflectives peuvent être pensées comme une des solutions pour rafraichir la ville, la rendre plus acceptable et résiliente face au changement climatique. C’est à l’échelle d’un quartier que le cool roofing fait encore plus sens. Il permet de lutter efficacement contre les ilots de chaleur urbains lorsqu’un ensemble d’immeubles voisins adopte conjointement des toits rafraichissants.
En dehors du secteur immobilier, d’autres domaines d’application pourraient être étudiés. On peut penser aux bitumes sur les routes en ville, pour lutter contre l’amplification des vagues de chaleur en ville. Une autre option pourrait être les rails de chemin de fer, qui se dilatent lors des épisodes caniculaires, perturbant la circulation des trains.